法語小說閱讀:《茶花女》第3章
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來源:網(wǎng)絡(luò)
2020-07-06 01:00
編輯: 歐風網(wǎng)校
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法語小說閱讀:《茶花女》第3章
chapitre iii :
le 16, à une heure, je me rendis rue d' Antin. De la porte cochère on entendait crier les commissaires-priseurs.
L' appartement était plein de curieux.
Il y avait là toutes les célébrités du vice élégant, sournoisement examinées par quelques grandes dames qui avaient pris encore une fois le prétexte de la vente, pour avoir le droit de voir de près des femmes avec qui elles n' auraient jamais eu occasion de se retrouver, et dont elles enviaient peut-être en secret les faciles plaisirs.
Madame la duchesse de F... coudoyait Mademoiselle A..., une des plus tristes épreuves de nos courtisanes modernes ; madame la marquise de T... hésitait pour acheter un meuble sur lequel enchérissait
Madame D..., la femme adultère la plus élégante et la plus connue de notre époque ; le duc d' Y... qui passe à Madrid pour se ruiner à Paris, à Paris pour se ruiner à Madrid, et qui, somme toute, ne dépense même pas son revenu, tout en causant avec Madame M..., une de nos plus spirituelles conteuses qui veut bien de temps en temps écrire ce qu' elle dit et signer ce qu' elle écrit, échangeait des regards confidentiels avec Madame De N..., cette belle promeneuse des champs-élysées, presque toujours vêtue de rose ou de bleu et qui fait tra?ner sa voiture par deux grands chevaux noirs, que Tony lui a vendus dix mille francs et... qu' elle lui a payés ; enfin Mademoiselle R... qui se fait avec son seul talent le double de ce que les femmes du monde se font avec leur dot, et le triple de ce que les autres se font avec leurs amours, était, malgré le froid, venue faire quelques emplettes, et ce n' était pas elle qu' on regardait le moins.
Nous pourrions citer encore les initiales de bien des gens réunis dans ce salon, et bien étonnés de se trouver ensemble ; mais nous craindrions de lasser le lecteur.
Disons seulement que tout le monde était d' une gaieté folle, et que parmi toutes celles qui se trouvaient là beaucoup avaient connu la morte, et ne paraissaient pas s' en souvenir.
On riait fort ; les commissaires criaient à tue-tête ; les marchands qui avaient envahi les bancs disposés devant les tables de vente essayaient en vain d' imposer silence, pour faire leurs affaires tranquillement.
Jamais réunion ne fut plus variée, plus bruyante. Je me glissai humblement au milieu de ce tumulte attristant quand je songeais qu' il avait lieu près de la chambre où avait expiré la pauvre créature dont on vendait les meubles pour payer les dettes. Venu pour examiner plus que pour acheter, je regardais les figures des fournisseurs qui faisaient vendre, et dont les traits s' épanouissaient chaque fois qu' un objet arrivait à un prix qu' ils n' eussent pas espéré.
Honnêtes gens qui avaient spéculé sur la prostitution de cette femme, qui avaient gagné cent pour cent sur elle, qui avaient poursuivi de papiers timbrés les derniers moments de sa vie, et qui venaient après sa mort recueillir les fruits de leurs honorables calculs en même temps que les intérêts de leur honteux crédit.
Combien avaient raison les anciens qui n' avaient qu' un même dieu pour les marchands et pour les voleurs !
Robes, cachemires, bijoux se vendaient avec une rapidité incroyable. Rien de tout cela ne me convenait, et j' attendais toujours.
Tout à coup j' entendis crier :
-un volume, parfaitement relié, doré sur tranche, intitulé : Manon Lescaut.
il y a quelque chose d' écrit sur la première page : dix francs.
-douze, dit une voix après un silence assez long.
-quinze, dis-je.
Pourquoi ? Je n' en savais rien. Sans doute pour ce quelque chose d' écrit.
-quinze, répéta le commissaire-priseur.
-trente, fit le premier enchérisseur d' un ton qui semblait défier qu' on m?t davantage.
Cela devenait une lutte.
-trente-cinq ! Criai-je alors du même ton.
-quarante.
-cinquante.
-soixante.
-cent.
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